Maintenant que le PS est enterré, c'est quoi la suite ? Assemblée de rentrée pour s'organiser le 3 septembre.

Voici quelques articles parus dans les médias annonçant l’annulation, ça vaut le détour !

– Le Monde 4 juillet 2016 –

Le Parti socialiste annule son université d’été

L’université d’été de la Belle Alliance populaire, première du nom, n’aura pas lieu. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé, dimanche 3 juillet sur France 3, la suspension du rassemblement prévu à Nantes, le dernier week-end d’août. « Les conditions de tranquillité, de sérénité, de sécurité ne sont pas réunies, assure-t-il au Monde. Depuis plusieurs semaines, on attaque nos permanences, on peut tirer dessus avec des armes, on cherche à interdire les meetings d’un parti représenté au Parlement, sans que cela ne choque personne. Je n’ai pas envie de subir une guérilla, cette suspension est une alerte. »

M. Cambadélis envisage de substituer au raout nantais un autre événement « à l’automne ». Traditionnellement organisée à La Rochelle depuis 1993, l’université d’été du PS avait été remplacée par une Belle Alliance populaire à l’initiative du premier secrétaire. Nantes devait servir de vitrine à cette coalition de petites formations écologistes pro-gouvernementale autour du Parti socialiste, qui doit servir de cadre à la primaire de la gauche. Las, le rendez-vous manqué symbolisera surtout le trouble qui règne dans le pays, après des mois de contestation contre le projet de loi travail. Au-delà du rassemblement socialiste, cette annulation laisse présager une année présidentielle sous haute tension. « Ça préfigure une campagne très compliquée pour tout le monde, le PS n’est pas le seul objectif, c’est la démocratie dans son ensemble qui est visée », prévient M. Cambadélis.

 

« Parti bunker »

Il y a encore quelques semaines, ce dernier balayait pourtant d’un revers de la main le risque de violences à l’occasion de l’université d’été de Nantes. « S’ils veulent venir contester, qu’ils viennent ! On s’expliquera ! », lâchait-il devant ses interlocuteurs qui l’alertaient des débordements possibles.

Le choix de la ville de Nantes, à la fois proche de Notre-Dame-des-Landes, mais aussi très en pointe à chaque contestation sociale, n’a cessé d’être largement critiqué ces derniers mois au sein du PS et du gouvernement. « Si on doit se barricader et donner l’image d’un parti bunker, ça va être une catastrophe », s’inquiétait un ministre. « Ça se verra, il y aura du bleu », prévenait François Rebsamen, le maire de Dijon, en référence aux uniformes policiers.

Ces derniers jours, les alertes s’étaient multipliées autour de l’événement. Les organisations syndicales avaient annoncé la tenue d’un meeting sur place le 26 août, jour d’ouverture de l’université. Un collectif baptisé A l’abordage !, rassemblant des opposants au projet de loi El Khomri et des « zadistes » luttant contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, s’était créé le 18 juin. M. Cambadélis assure, de son côté, que c’est l’interview à Mediapart de Julien Coupat, mis en examen dans l’affaire Tarnac, qui l’a poussé à annuler la manifestation. Ce dernier y confiait notamment : « On n’imagine pas que le Parti socialiste puisse tenir tranquillement sa prochaine université d’été fin août à Nantes.


Nostalgie des terrasses

Plusieurs élus nourrissaient même une certaine paranoïa à l’approche de l’événement. « On a des remontées de terrain qui nous disent que les gars veulent nous casser la figure s’ils nous reconnaissent dans la rue ou à la terrasse des cafés. Comment on va faire si c’est vrai ? On ne va quand même pas tous demander une protection policière ? », confiait un député socialiste.

Beaucoup, au Parti socialiste, regrettent que le premier secrétaire ne s’en soit pas tenu à la formule classique à La Rochelle. Autant par nostalgie des terrasses sur le port que pour le symbole politique. « On a réussi à défaire une des rares traditions qui nous restaient encore », se lamente un dirigeant socialiste. La solution de remplacement en octobre ou novembre ne séduit pas davantage. Luc Carvounas, sénateur du Val-de-Marne, a exprimé son sentiment sur Twitter : « A l’automne ? En pleine primaire ? Pas une bonne idée, comme d’avoir voulu aller à Nantes. »

 

– le Figaro 4 juillet 2016 –

Le PS reporte son université d’été «devant les risques de violences»

Le rendez-vous devait se tenir fin août à Nantes. Mais le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis craint des actions violentes de militants de l’ultra-gauche, très mobilisés dans l’Ouest du pays.

Conséquence de la présence à Notre-Dame-des-Landes, Nantes et Rennes de nombreux militants de l’ultra-gauche, Jean-Christophe Cambadélis a décidé de «reporter, suspendre» l’université d’été de la Belle alliance populaire, composée du PS et de ses alliés. Alors qu’elle se tenait habituellement à La Rochelle, elle devait s’ouvrir cette année à Nantes, du 26 au 28 août prochains.

«Je pense que devant les risques de violences à Nantes, où dans tout autre endroit où se tiendrait l’université d’été de la Belle alliance populaire, il vaut mieux reporter, suspendre, l’université d’été de cet été», a indiqué le premier secrétaire du Parti socialiste interrogé dimanche par France 3. «C’est une question à laquelle je réfléchis depuis un moment. C’est la proposition que je ferai aux acteurs de la Belle alliance populaire», a-t-il précisé. Dans tous les cas, le rassemblement qui marque le lancement de la rentrée politique du PS ne se tiendra «pas à la fin de l’été».

«On nous menaçait de saccager l’ensemble de la ville»

«On en discutera pour trouver une autre date, pour trouver plus de sérénité», précise le patron du PS qui fait état de nombreuses menaces. «On nous menaçait de violences sur nos militants, on nous menaçait de saccager l’ensemble de la ville (…) Il s’est constitué dans ce mouvement (anti-loi travail) une ultra gauche anti-démocratique qui s’est fixé comme objectif de mettre à terre le PS», dit-il. Ajoutant: qu’il «ne peut pas avoir demandé à la CGT de suspendre ses manifestatons suite aux violences contre la loi El Khomri et maintenir l’université d’été» qui entraînerait ces mêmes violences.

Invité à commenter cette annonce, le député les Républicains Eric Ciotti a préféré ironiser: «Il craint surtout les violences internes», «plus les frondeurs que les casseurs». «Un parti qui ne se réunit plus n’est plus un parti», a-t-il ajouté lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Quant au député PS Yann Galut, il déplore sur Twitter qu’un tel report «montre l’état de rupture du gouvernement avec les Français».

Le report de l’université d’été du PS coûtera “au minimum 300.000 euros”

Face aux “risques de violence” et à moins d’un an de la présidentielle, le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé dimanche le report de l’université d’été de la Belle Alliance populaire, initialement prévue à Nantes du 26 au 28 août. Les appels à perturber l’université du PS et de ses alliés s’étaient multipliés ces dernières semaines, conjonction de la protestation contre la construction de l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes et de celle à la loi travail.

“Devant les risques de violences à Nantes, où dans tout autre endroit où se tiendrait l’université d’été de la Belle alliance populaire, il vaut mieux reporter, suspendre, l’université de cet été. C’est ce que je ferai comme proposition aux acteurs de la Belle alliance populaire” (BAP), a affirmé sur France 3 M. Cambadélis.

Mais ce report a un coût : budgétée à 800.000 euros, l’organisation de l’université d’été a déjà donné lieu au versement de plusieurs acomptes, comme le souligne L’Opinion. “Beaucoup de prestataires demandent des arrhes oscillant entre 30 et 50% du montant total de leur contrat”, glisse un proche de Jean-Christophe Cambadèlis. “Ce recul va coûter au minimum 300.000 euros”.

Une perte non négligeable quand on sait que les finances du parti socialiste sont loin d’être florissantes. Les défaites aux élections municipales, départementales et régionales ont creusé les pertes du parti, dont certaines fédérations sont déjà dans le rouge. Fin 2015, la fédération du Nord tirait la sonnette d’alarme. Plus récemment, c’était la fédération du Puy-de-Dome qui comptabilisait un déficit de 550.000 euros.

 

– Le Parisien 4 juillet 2016 –

Jean-Christophe Cambadélis persiste et signe. Le premier secrétaire du PS avait annoncé dimanche sur France 3 son intention de reporter l’université d’été du parti, qui devait se tenir fin août à Nantes. Il a confirmé son intention ce lundi matin sur LCI.

«C’est une décision que je soumettrais au Bureau national et à la coordination de la Belle alliance populaire (ndlr : les alliés du PS ) mais pour moi c’est définitif», a assuré Jean-Chirstophe Cambadélis. « Nous verrons ce que nous ferons puisqu’il s’agit d’un report», a-t-il encore expliqué.

Pour justifier ce report, le premier secrétaire a une fois de plus souligné le climat de violence, très visible notamment en marge des manifestations contre la loi Travail. «Les permanences du PS ont été attaquées, on a même tiré dessus à l’arme à feu (ndlr : sur le siège du PS à Grenoble fin mai), on veut interdire nos meetings, c’est une situation gravissime et moi je ne prends pas la responsabilité de détruite une ville, puisque que c’est ce que proposaient ces jeunes gens, je ne prends pas la responsabilité qu’il y ait des blessés…», a-t-il insisté.  «Je ne veux pas me confronter à une guérilla d’une ultra gauche anti démocratique qui veut se faire la police et le PS», a encore martelé Jean-Christophe Cambadélis.

 

 «La violence est là,  ce n’est pas le résultat d’une politique, c’est une dérive de la société française»

Jean-christophe cambadélis

Le patron des socialistes estime qu’il y a «une radicalisation d’une partie de l’ultra gauche et que tout le monde a fermé les yeux dessus». «La violence est là, ce n’est pas le résultat d’une politique, c’est une dérive de la société française», a-t-il ajouté.

«Cela dit quelque chose d’une France qui se cherche, qui se désespère, qui s’autocritique, qui se flagelle» a poursuivi le premier secrétaire faisant notamment un parallèle avec les mouvements violents dans l’Italie des années 70. «Attention à cette dérive entraînant des jeunes dans l’ultra violence. C’est un phénomène européen», a poursuivi Jean-Christophe Cambadélis.

Beaucoup d’observateurs s’étaient étonnés du choix de Nantes pour accueillir l’université d’été au lieu de la Rochelle, estimant que les opposants à Notre-Dame-des Landes, notamment, voudraient perturber l’événement. Mais Jean-Christophe Cambadélis a assuré qu’ «au moment du choix, Nantes était le plus proche de ce que nous cherchions» et la «situation n’était pas la même».

Interrogé pour savoir si le ministère de l’Intérieur n’aurait pas su assurer la sécurité de l’univcersité du PS, il a assuré que «Bernard Cazeneuve aurait pu tenir la ville, mais entre nous, quelle image !»

Alors que selon «Le Parisien»-«Aujourd’hui en France», l’organisation de l’université d’été à Nantes était prévu avec un budget d’organisation évalué à 800 000 euros, Jean-Christophe Cambadélis a assuré que l’annulation n’aurait pas un tel coût.  «Nous gérons intelligemment les fonds du PS», a-t-il promis.

 

– Lundi Matin –

Université d’été du PS : la destitution est en marche

L’élection présidentielle aura-t-elle lieu ?

L’annulation, annoncée hier en catimini par Jean-Christophe Cambadélis, de l’université d’été du PS a pris tout le monde de court. À commencer par les partisans de la Belle Alliance Populaire qui, réunis samedi, s’étaient donnés rendez-vous pour la fin août à Nantes.

Le parti au pouvoir privé d’université d’été par quelques groupuscules de l’« ultra-gauche anti-démocratique » ? Voilà qui ne laisse pas de surprendre. D’autant que cette annonce survient précisément le lendemain d’une réunion de préparation, à Nantes, des opposants à ce raout, réunion où s’était pressée une foule bigarrée de syndicalistes, d’artistes, de zadistes, de Nuit Deboutistes, de militants, d’associatifs et autres ennemis de la « loi travaille ! ». Réunion, surtout, qui s’était tenue, comme il est de rigueur en plein état d’urgence, sous une scrupuleuse surveillance policière. Il faut dire que l’université d’été du PS allait se dérouler en même temps que les fêtes de l’Erdre, fêtes gratuites qui drainent en ville un public populaire qui aurait pu pousser l’ivresse jusqu’à des excès « révolutionnaires » contre le congrès et les congressistes. L’impopularité du pouvoir en place est-elle si grande qu’il ne puisse même plus se réunir sans un dispositif de sécurité digne des contre-sommets ? Est-il donc vrai que « tout le monde déteste de Parti Socialiste » ainsi que se plaisent à le hurler les manifestants des derniers mois ? Le graffiti « Vivement l’université d’été du PS ! », qui avait maculé la belle ville coloniale de Nantes un jour de défilé et suscité tant d’émois dans l’exécutif local et les journaux, aurait-il suffi à amener à une décision si grave ? Ou est-ce la proximité de la ZAD et des menaces d’expulsion qui ont contraint la Belle Alliance Populaire à une telle extrémité – au point que certains parlent déjà, à son sujet, de « Belle Alliance Impopulaire » voire de « Belle Alliance de Bâtards » (BAB), ainsi que se plaisent à l’appeler ceux qui scandent aussi « All Cops are Bastards » ? Alors que chaque déplacement de ministre est l’occasion d’une nouvelle humiliation pour l’intéressé, « on se demande comment les socialistes vont réussir à faire campagne pour 2017 », avouent nos confrères de Libération. Jusqu’où ira le Parti Socialiste dans la mise en œuvre de sa propre destitution ? Lundi Matin, qui avait relayé l’appel « À l’abordage » contre cette université d’été, ne pouvait pas passer sous silence ces questions angoissantes.

Renseignements pris, il semble que les craintes du gouvernement soient de nature plus fondamentales. Alors qu’il s’emploie avec l’aide des syndicats, de tour du bassin de l’Arsenal en manifestations en cage, à organiser une défaite estivale pour le mouvement contre la « loi travaille ! », l’université du PS se désignait naturellement comme le prochain rendez-vous pour l’ensemble de ceux qui, syndiqués hors contrôle, retraités politiquement actifs ou jeunes masqués, ont défrayé la chronique le 14 juin dernier à Paris. L’Union Départementale CGT 44 appelait d’ailleurs, elle aussi, « à l’abordage ». Mais surtout, ce nouveau rendez-vous, nous dit-on, donnait aux forces qui se sont levées partout dans le pays ces derniers mois une occasion évidente d’enjamber le gouffre des vacances et annonçait une année politiquement très chaude avec, à la clef, l’impossibilité de lancer une campagne présidentielle qui n’en finit plus de balbutier et ne convainc d’ores et déjà personne. « Il fallait impérativement dérober à l’adversaire toute cible logique », nous explique une source proche du dossier. Cette logique de guérilla, qui consiste pour le faible à empêcher le fort de le frapper à défaut de pouvoir l’attaquer de front, en dit long sur la situation actuelle du pouvoir en place. Alors que s’est répandue, ces derniers mois, l’idée que la « loi travaille ! » serait l’otage d’une lutte entre deux minorités – la minorité gouvernementale qui ne parvient plus à faire voter ses lois au Parlement et un mouvement loin d’être massif -, l’annulation de l’université d’été du PS indiquerait que la minorité gouvernementale serait elle-même en minorité par rapport au mouvement. Une situation inédite. Le temps risque de sembler bien long d’ici l’élection présidentielle.

Du côté des opposants à la « loi travaille ! », la reculade socialiste est prise avec philosophie. Les manifestations nassées ni la retraite en bon ordre des centrales syndicales ne les inquiètent. « Nous ne sommes pas dans une logique de mouvement, mais dans une logique de plateau », expliquent-ils. « L’intensité politique qui a monté ces derniers mois ne va pas se débander comme ça. Ceux qui gueulent sans y croire « ça va péter » ont tort : il faut plutôt dire « ça va durer » ! Tout a commencé parce que les politiques n’ont plus aucun titre à nous gouverner. C’est pour ça que cette loi, au fond, ne passe pas, même si elle passe au Parlement. Notre prochaine étape, c’est de réunir localement et nationalement toute la foule hétéroclite des cortèges de tête, pas juste les jeunes « autonomes » masqués. Tous ceux qui ont pris la tête des cortèges, qu’ils soient syndiqués ou pas, sont des « autonomes », parce qu’ils se sont rendus autonomes des cadres institués. Les occasions ne vont pas manquer, sauf à ce que le pouvoir devienne définitivement invisible. Notre prochain pas, c’est d’empêcher la campagne présidentielle parce qu’elle est là pour refermer les possibles que nous vivons depuis des mois et qui font qu’on respire tellement mieux dans ce pays. Empêcher le Parti Socialiste de gouverner, c’est bien. Reprendre notre vie en main, c’est mieux. » Les esprits les plus échaudés poussent carrément le bouchon jusqu’à parler de « destitution ». Dans leurs vues, la question n’est pas de conquérir le pouvoir au nom du peuple ainsi que le promet « cette vieille charogne de Mélenchon », mais de construire un processus tel que les gesticulations du pouvoir ne parviennent plus à embrayer sur la vie réelle et deviennent une sorte de divertissement pour les pensionnaires des maisons de retraite, « maintenant que les Guignols de l’info ont disparu ».

L’un d’entre eux n’hésite pas à nous lire un passage d’un vieux texte autonome de 1990 qu’il tient en main  : « On pourra donc parler d’un mouvement autonome réellement constitué en force sociale active le jour où l’absence de tout exutoire politique à la puissance sociale des autonomies poussera les individus dépossédés à entrer dans une phase de désobéissance sociale massive, transgressant un à un les interdits du capitalisme. Pour la société politique en crise, l’heure de l’affrontement aura alors sonné. » Il conclut, sentencieux : « L’élection présidentielle n’aura pas lieu. »